La déroute de l’équipe de France en Coupe du monde de football est le symbole d’un pays mal en point et illustre les dangers de l’argent-roi, ont déclaré plusieurs personnalités politiques et syndicales.
LES BLEUS, SYMBOLES D’UNE FRANCE MAL EN POINT ?
Après deux prestations médiocres et l’exclusion de Nicolas Anelka de l’équipe pour avoir insulté le sélectionneur Raymond Domenech, les Bleus vont aborder dans la douleur leur troisième match contre l’Afrique du Sud, mardi.
Leurs déboires ont provoqué une vague d’indignation en France et fait couler beaucoup d’encre dans les journaux étrangers.
Pour le président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou, le « naufrage de l’équipe de France, à mon sens, nous dit quelque chose des faiblesses de la France, d’un modèle de société fondé sur l’argent plus fort que tout, adulé, institué en valeur ».
La France subit en Afrique du Sud le « naufrage le pire, dans le ridicule », a-t-il ajouté sur RTL. « Pas un pays au monde n’a vécu cette espèce de décomposition que nous sommes en train de vivre ».
Interrogé sur d’éventuelles divisions ethniques au sein de l’équipe, François Bayrou a mis en garde contre un phénomène « absolument redoutable » qui montrerait que « nous avons complètement manqué l’intégration puisque ce qui reste ce sont des clans, c’est la séparation entre les Français fondée sur l’origine ».
Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a mis en garde à cet égard contre « les déductions politiques faciles ».
« Je pense qu’il faut s’en méfier, même si je ne dis pas que ça ne révèle rien », a-t-il dit sur France 2.
PROBLÈME DE SOCIÉTÉ
Il a rappelé que la victoire des Bleus en Coupe du monde de football en 1998, « la France ‘black-blanc-beur’, la France dans la rue, les Champs-Elysées » n’avait pas empêché, quatre ans plus tard, le leader d’extrême droite Jean-Marie Le Pen d’accéder au deuxième tour de l’élection présidentielle.
Pour le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, la situation de l’équipe de France et de ses joueurs surpayés renvoie au modèle économique français.
« C’est l’échec d’un système. Au-delà du problème des joueurs et de leur comportement, on a là des sportifs qui, à 15 ans, étaient des vedettes, on les a couverts d’argent », a-t-il dit.
« C’est le problème de base, c’est le problème de notre société, des rémunérations, il faut revoir ce modèle économique, absolument », a-t-il souligné sur Europe 1.
Patrick Braouezec, député ex-communiste de Seine-Saint-Denis, dénonce pour sa part un sport « pourri par l’argent ».
« La course sans limite aux médias, à l’argent va peut-être se ralentir », a-t-il dit sur France Info.
« L’UEFA, la FIFA doivent en tirer les conséquences. Nous sommes dans un sport pourri par l’argent, les jeux de pouvoir, les médias. Qui est responsable de quoi ? »
Le ministre du Travail, Eric Woerth, a invité à se concentrer sur le match de mardi
« Tout cela est pitoyable, mais pour l’instant il y a un match à faire », a-t-il dit sur LCI, ajoutant que le moment venu, « il faudra faire un bilan ».
Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse