Le plan de prévention de la grippe A en milieu scolaire présenté la semaine dernière par le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, préconise en effet la fermeture, pour une durée de sept jours, des établissements touchés par l’épidémie. En pratique, l’appréciation est laissée aux préfets, chargés de décider des fermetures au cas par cas. En Nouvelle-Calédonie, où l’épidémie a fait cinq morts et près de 35 000 malades depuis la fin du mois de juin, la fermeture préventive des établissements a très vite été abandonnée. La désorganisation qu’une telle mesure entraîne a été jugée disproportionnée.
« Les parents ne savent pas quoi faire des enfants malades. On ne peut pas les obliger à les garder à la maison », constate Adeline Bessou, institutrice en maternelle dans la banlieue de Dumbéa. « Nous accueillons les enfants souffrants, quelle que soit leur maladie d’ailleurs. Avant la grippe A, on ne renvoyait pas un gamin pour un rhume ! » s’emporte-t-elle.
Certains établissements préfèrent néanmoins s’en tenir scrupuleusement aux consignes données par le plan gouvernemental. Le lycée Lapérouse de Nouméa, qui compte 1 500 élèves, a choisi de fermer ses portes pour une durée de sept jours à chaque fois qu’un foyer de grippe – trois cas de maladie détectés en une semaine au sein d’une collectivité – est déclaré. Avec des conséquences non négligeables : « Même en dehors des périodes de fermeture, l’absentéisme est très fort, raconte Axelle Moret, élève en terminale. Certains élèves en profitent pour sécher, et surtout aucun programme de rattrapage n’est prévu pour compenser les jours perdus. On essaie de récupérer le programme le soir après les cours. » En l’absence de dispositif pour faire garder les plus jeunes et éviter que les plus grands n’accumulent du retard, il est tentant de garder les établissements scolaires ouverts.
« FERMER UNE ÉCOLE N’EMPÊCHE PAS LE VIRUS DE SE PROPAGER »
D’autant plus que la fermeture préventive ne semble pas avoir eu d’incidence sur la propagation du virus. « La fermeture du lycée n’a rien changé, assure Axelle Moret. Les cas de grippe ont continué à se multiplier ». Deux épidémiologistes de l’Institut de veille sanitaire (InVS) sont attendus vendredi à Nouméa. Ils auront pour mission d’analyser le dispositif mis en place et, éventuellement, d’en tirer des enseignements pour la métropole.
Plusieurs pays de l’hémisphère Sud, actuellement en fin d’hiver et en fin d’année scolaire, ont également choisi de maintenir leur système scolaire en activité malgré l’épidémie. C’est notamment le cas en Argentine, où les autorités sanitaires préconisent simplement le confinement des élèves présentant des symptômes grippaux. Un choix qui pourrait influencer un certain nombre de pays du Nord.
C’est d’ores et déjà le cas des Etats-Unis, où la ministre de la santé, Kathleen Sebelius, a annoncé mardi que les cours continueraient d’être assurés dans les établissements scolaires même en cas d’épidémie de grippe A. « Au printemps dernier nous nous sommes rendu compte que fermer préventivement une école n’empêchait pas le virus de se propager », a-t-elle expliqué dans une interview à la chaîne de télévision NBC. La ministre a rappelé que le principal dispositif de prévention du virus H1N1 restait la vaccination des populations les plus fragiles, qui devrait débuter au mois d’octobre aux Etats-Unis.