Un à un, les pays de l’Union européenne adoptent des plans d’austérité, mis sous pression par Bruxelles qui cherche à stabiliser l’ensemble de la région.

ESPAGNE : ZAPATERO CÈDE À LA PRESSION DE BRUXELLES

  • Etats des lieux. En 2009, l’Espagne a connu un déficit de 11,2 % du PIB, portant la dette publique à 53,2 % du PIB. Fin avril, le chômage a passé la barre des 20 %. Un premier plan de rigueur a été annoncé en janvier, censé ramener le déficit à 3 % du PIB en 2013 et permettre d’économiser 50 milliards d’euros. Le gouvernement socialiste avait promis qu’il n’irai pas plus loin mais, face à la pression de Bruxelles, il s’est engagé, mercredi 12 mai, à mettre en place des nouvelles mesures d’austérité.
  • Les mesures. Etaient déjà prévus un gel des embauches dans la fonction publique, une baisse des indemnités de licenciement, un report de l’âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans et une hausse de la TVA. Les mesures additionnelles comprennent une baisse de 5 % du salaire des fonctionnaires dès juin, la suppression de la revalorisation automatique des retraites et la fin d’une prime à la naissance.

GRÈCE : LES GRANDS MOYENS

  • Etats des lieux. En 2009, la Grèce a connu un déficit de 13,6 % du PIB portant la dette publique à 115,1 % du PIB. En février, le chômage était de 12,1 %. La Grèce a annoncé un premier plan d’austérité début mars, pour économiser 4,8 milliards d’euro. Début mai, à la suite de l’aggravation des prévisions économiques, le FMI et l’Union européenne se sont accordés pour un plan d’aide de 110 milliards. En contrepartie, la Grèce s’est engagée à une réduction de 30 milliards d’euros en trois ans, pour ramener le déficit à 3 % du PIB en 2014.
  • Les mesures. Sont prévus un gel des salaires dans la fonction publique jusqu’en 2014, la suppression des 13e et 14e mois et d’autres primes pour les fonctionnaires touchant des hauts salaires, une baisse des retraites de 7 % en moyenne couplée à un report de l’âge de départ à la retraite, une hausse de taxes sur les carburants, l’alcool et le tabac et une hausse de la TVA (de 21 à 23 %). Conséquence : outre la colère populaire qui s’est manifestée dans les rues, parfois violemment, le PIB devrait se contracter de 4 % en 2010, de 2,6 % en 2011 pour repasser dans le vert en 2012.

IRLANDE : HARO SUR LES FONCTIONNAIRES

  • Etats des lieux. L’Irlande est entrée en récession dès l’année 2008. En 2009, le pays a connu un déficit de 14,3 % du PIB, portant la dette publique à 64 % du PIB. En avril, le taux de chômage était de 13,4 %. En 2009, le gouvernement a adopté deux plans d’austérité successifs, pour économiser 3 puis 4 milliards d’euros et stabiliser le déficit public à 11,6 % en 2010.
  • Les mesures. Les allocations sociales vont être réduites, même pour les chômeurs, et les salaires des fonctionnaires vont connaître des réductions allant de 5 à 15 %. Pour donner l’exemple, le premier ministre, Brian Cowen, a réduit son propre salaire et celui de ses ministres de 15 %. Une taxe carbone et une taxe sur l’eau vont être mises en place ainsi qu’une hausse générale des impôts sur le revenu.

PORTUGAL : LES HAUTS SALAIRES TAXÉS

  • Etats des lieux. En 2009, le Portugal a connu un déficit historique de 9,4 % du PIB portant la dette publique à 76,8 % du PIB. Cette dernière pourrait grimper à 90 % en 2012. Fin 2009, le taux de chômage était de 10 %. Le 7 mai, le premier ministre, José Socrates, s’est engagé à ramener le déficit à 7,3 % en 2010. Jeudi 13 mai, des nouvelles mesures ont été annoncées pour accélérer la réduction du déficit budgétaire et ramener le déficit public à 4,6 % en 2011.
  • Les mesures. Ont déjà été annoncés le gel des salaires dans la fonction publique, la suppression de certaines allocations et un vaste plan de privatisation dans les transports, l’énergie, les assurances et la poste. De plus, des investissements publics sont reportés, comme la construction du nouvel aéroport de Lisbonne, et une nouvelle tranche d’imposition à 45 % est prévue pour les revenus supérieurs à 150 000 euros par an. Les mesures additionnelles comprennent une hausse exceptionnelle de l’impôt sur le revenu (jusqu’à 1,5 %) et sur les bénéfices (jusqu’à 2,5 %) ainsi qu’une hausse de la TVA d’un point, à 21 %. Une surtaxe sera en outre appliquée sur les bénéfices des grandes entreprises supérieurs à 2 millions d’euros et sur les plus hauts salaires de la fonction publique, et les rémunérations des élus et des membres du gouvernement seront amputés de 5 %.

ROUMANIE : DES MESURES DRACONIENNES

  • Etats des lieux. En 2009, la Roumanie a connu un déficit public de 7,2 % du PIB portant la dette publique à 30 % du PIB. En avril, le taux de chômage était de 8,07 %, en légère baisse par rapport au mois de mars. Dimanche, le gouvernement roumain et le Fonds monétaire international ont trouvé un accord sur un déficit public de 6,8 % en 2010, en hausse de près d’un point par rapport au taux initialement prévu. Depuis 2009 déjà, la Roumanie bénéficie d’un programme d’aide de 20 milliards d’euros de la part du FMI, de l’Union européenne et de la banque mondiale.
  • Les mesures. Jeudi 6 mai, le président a annoncé des mesures draconiennes, qui incluent une baisse de 25 % des salaires dans le secteur public et de 15 % des retraites et des allocations chômage. « Tous les salaires seront affectés, y compris le salaire minimum, mais le gouvernement compensera cette perte, jusqu’à hauteur de 600 lei » (environ 160 euros), a-t-il précisé.

ITALIE : DES AJUSTEMENTS

  • Etats des lieux. En 2009, l’Italie a connu un déficit public de 5,3 % du PIB portant la dette publique à un niveau record de 115,8 % du PIB. En mars, le taux de chômage était de 8,8 %, un record depuis 2002. Le gouvernement de Silvio Berlusconi, qui a suivi une ligne de rigueur durant la crise et n’a pas engagé de plan de relance massif, ne cesse de répéter que la situation italienne n’est pas comparable à celle de la Grèce, du Portugal ou de l’Espagne. Il s’est engagé à faire revenir le déficit sous la barre des 3 % imposée par le pacte de stabilité européen en 2012. Cette correction représentera globalement 1,6 % du PIB, soit une économie d’environ 25 milliards d’euros sur les années 2011-2012.
  • Les mesures. Cependant, le gouvernement italien a refusé, jeudi, de débloquer des fonds pour permettre à quatre régions du pays de combler le déficit de leur budget en matière de santé, ce qui va les obliger à augmenter les impôts locaux. En outre, selon la presse, le gouvernement étudierait tout de même un gel d’un an des salaires des fonctionnaires et la prolongation du gel des embauches dans l’administration, ce qui pourrait représenter une économie d’au moins 2 milliards d’euros. Le porte-parole du ministère de l’économie s’est refusé à tout commentaire sur ces informations. Le gouvernement pourrait également réduire les dépenses en matière de médicaments dans les hôpitaux.

FRANCE : OFFICIELLEMENT, PAS DE RIGUEUR

  • Etats des lieux. En 2009, la France a connu un déficit record de 7,5 % du PIB portant la dette publique à 78,1 % du PIB. Au premier trimestre 2010, le taux de chômage était de 10,1 %. Officiellement, aucun plan de rigueur n’a été annoncé. Mais un certain nombre de mesures vont être mises en place dans l’objectif de ramener le déficit public en dessous de 3 % du PIB en 2013.
  • Les mesures. Le 6 mai, François Fillon a annoncé un gel des dépenses pour les trois ans à venir, des coupes dans les niches fiscales et une baisse du train de vie de l’Etat. Quatre jours plus tard, Nicolas Sarkozy a annoncé l’abandon de mesures sociales adoptées en 2009 face à la crise, en expliquant qu’il fallait « engager maintenant le redressement des finances publiques » déjà évoqué avec l’annonce du gel des dépenses de l’Etat.

Les commentaires sont désactivés.


© Copyright 02/2009 HettangePassion. Tous droits réservés.