LES RESEAUX.
Les réseaux d’influences ou comment entreprendre des relations pour réussir, en passant du sport à la Franc maçonnerie sans oublier les clubs de pensées. (Article du Point). Surprenant !!!! cela laisse songeur mais pas rêveur.
L’exemple développé à Metz est identique ailleurs.
Un tête-à-tête sur le green du technopôle, un aparté dans les travées de l’Arsenal ou un échange de vues dans les loges du stade Saint-Symphorien : loin des conseils d’administration ou des hémicycles à l’atmosphère pesante, les petits ou grands projets naissent parfois de rencontres informelles, fortuites ou non. Nombre de décideurs et de lobbyistes sont passés maîtres dans l’art de cultiver les réseaux et de naviguer dans ces lieux de pouvoirs officieux. « Attention au fantasme : on n’y dirige pas Metz en sous-main. Les réseaux facilitent simplement les contacts humains », nuance un acteur économique tout aussi à l’aise à l’Opéra qu’à une rencontre du FC Metz. Voici quelques pistes pour se repérer dans le dédale des réseaux messins.
La culture
Dans la ville, les réseaux culturels sont réputés être très actifs. Il est de bon ton d’être abonné au théâtre et à l’Arsenal, et, mieux encore, de se montrer les soirs de première. L’association de l’Arsenal réunit d’ailleurs tout le gratin messin.
Un certain nombre d’associations telles que le Festival des musiques volantes maintiennent la pression sur Patrick Thil, adjoint au maire chargé de la culture, pour la création d’une nouvelle salle de concert, toujours à l’étude. Au conservatoire, pas question de nommer un directeur sans avoir reçu l’aval de l’association des parents d’élèves (3 000 enfants). Le cercle lyrique de Daniel Vorms, l’Alam (choeurs) de Jean-Joël Griesbeck (époux de Nathalie), les cafés littéraires et l’Académie nationale de Metz sont eux aussi toujours très en vue. Et on n’y discute pas seulement culture…
Ne pas oublier les associations de défense du patrimoine telles que Renaissance du vieux Metz. Un réseau favorable à l’art contemporain s’est aussi constitué autour du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) et de la galerie Faux Mouvement.
Côté gradins
Les loges du FC Metz au stade Saint-Symphorien restent très prisées. On peut y croiser régulièrement Guy Dollé, le patron du géant Arcelor, fervent supporter du club qu’il sponsorise. C’est là d’ailleurs que le Mosellan Roger Briesch a pu convaincre le grand patron de venir répondre aux questions de ses collègues du Conseil économique et social (CES) européen, qu’il préside.
Le nouveau président du conseil régional, Jean-Pierre Masseret (PS), est un fidèle du FC Metz, de même que Roger Cayzelle, président du CES de Lorraine. Si Gérard Longuet goûtait peu le football, en revanche les décideurs savaient qu’ils pouvaient approcher dans la loge du conseil régional son ancien directeur de cabinet, Patrick François.
Le nouveau palais des sports des Arènes, où évoluent notamment les handballeuses du H2M, devient aussi peu à peu incontournable, surtout lors du désormais réputé Open de tennis de Moselle, organisé en octobre.
Les commerçants
A Metz la commerçante, la Fédération des commerçants constitue bien entendu un puissant lobby. Présidée par Philippe Guillaume, patron de la CGPME, elle a fait pression pour la création de nouveaux parkings. Elle s’est aussi battue d’arrache-pied, il y a quelques années, contre le projet – surdimensionné, selon elle – d’un nouveau centre commercial place Coislin, où existe… un parking aérien. De même s’est-elle opposée à la mise en site propre des transports en commun. Dans les quartiers, certaines associations de commerçants sont également très actives, comme à la gare. Guy Heumann (La Civette), chez qui l’on trouve les meilleurs cigares de la ville, est à cet égard un homme d’influence.
Les épicuriens
Depuis une demi-douzaine d’années, une petite trentaine d’amateurs de havanes ont créé le club cigares. Patrons, fonctionnaires, journalistes, commerçants se retrouvent officiellement pour échanger autour de leur péché mignon… Mais ces réunions, souvent agrémentées d’un bon repas, sont aussi l’occasion d’échanger indiscrétions et potins. Ces bons vivants, habitués un temps du Restaurant des Roches, peinent toutefois à trouver un point de chute fixe. Leurs volutes ont découragé plus d’un restaurateur de les accueillir !
L’esprit club
Les clubs services sont très bien implantés à Metz. Le Rotary et le Lions sont les plus anciens et sans doute les plus huppés. Outre les actions philanthropiques qui y sont menées, l’entraide y est réelle et il n’est pas de mauvais goût d’y parler affaires, pourvu que l’on respecte certains codes. D’autres clubs se développent avec plus ou moins de succès. Parmi eux : le Fifty One, La Table ronde, le Kiwanis et, pour les femmes, les Soroptimists.
Les cercles économiques
Le lobbying économique se pratique traditionnellement dans les chambres de commerce et de métiers et dans certaines associations patronales telles que la CGPME, le Medef et l’Union patronale artisanale. Autant d’organisations représentées dans de nombreux conseils d’administration, dans les juridictions commerciales et les conseils de prud’hommes. Ces deux dernières années, ces cercles patronaux ont exercé une pression importante auprès des élus pour imposer le tracé est de l’autoroute A32. Ils continuent d’ailleurs de maintenir la pression. Ne pas oublier le Centre des jeunes dirigeants (CJD), les Dirigeants commerciaux de France et la Jeune chambre économique.
Plus original, les amoureux des ballons (montgolfières) savent qu’ils peuvent compter sur Philippe Buron-Pilatre pour leur organiser tous les deux ans la manifestation Mondial air ballons, qui attire des milliers de spectateurs. Une passion qui a gagné de nombreux chefs d’entreprise mosellans, dont son ami Laurent Lajoye, PDG des Bronzes d’industrie et aérostier reconnu.
Plus fermé, le cercle Charlemagne réunit des chefs d’entreprise français, sarrois et luxembourgeois et des politiques animés par une démarche transfrontalière.
Les francs-maçons
Avec plus de 1 000 frères et soeurs répartis en une vingtaine d’ateliers – sans compter la Grande Loge nationale de France (GLNF), qui travaille à part -, la franc-maçonnerie est très bien implantée à Metz. « C’est même l’une des plus grosses densités maçonniques de province », indique Yves Jacob, chirurgien spécialiste de la main à Claude-Bernard et « grand secrétaire aux affaires extérieures » du Grand Orient de France. Si le GO est l’obédience la mieux représentée, d’autres organisations comme le Droit humain (mixte), la Grande Loge de France (masculine) ou la Grande Loge féminine de France (qui n’initie que les femmes) y sont aussi bien implantées.
Alors que la franc-maçonnerie connaît depuis quelques années un engouement sur le plan national et local, les maçons messins se sentent à l’étroit dans leurs locaux de la colline Sainte-Croix. Ils envisagent donc d’installer leurs temples à Metz-Queuleu, face à l’Institution de La Salle. Une perspective qui fait tousser en haut lieu, du côté de l’évêché… « Cette maison de la franc-maçonnerie comprendra un espace culturel ouvert au public », révèle Yves Jacob. Car, si le secret d’appartenance reste jalousement gardé, la franc-maçonnerie messine s’ouvre peu à peu. De nombreux profanes viennent régulièrement plancher devant les frères (récemment le généticien Axel Kahn, Véronique Vasseur, médecin des prisons…) et un grand colloque public sur la laïcité est prévu l’an prochain.
Les maçons se recrutent dans les professions libérales, chez les enseignants et les fonctionnaires… S’y côtoient aussi musiciens, chefs d’entreprise, artisans et élus de tous bords, à l’exception de l’extrême droite. « Nous ne sommes pas un lobby, plutôt une boîte à idées, assure Yves Jacob. Ceux qui viennent ici faire du business sont vite déçus. » L’activité des fraternelles – associations paramaçonniques ne recrutant que dans une profession donnée – est, en revanche, plus controversée. « J’avoue que la dimension spirituelle de la fraternelle du bâtiment m’échappe un peu », ironise Yves Jacob, qui considère que ces regroupements vont « à l’encontre de l’idéal maçonnique, qui vise à réunir des personnalités de tous horizons ». Là est précisément sa force.
Les « chapelles »
Avant la révocation de l’édit de Nantes (1685), Metz comptait 40 % de protestants. Cette communauté, bien que très discrète, est restée influente, notamment dans le domaine de la culture, mais aussi chez les médecins et parmi les commerçants. La communauté juive est également bien implantée, et ce depuis le Moyen Age. Les loges du B’nai B’rith (sorte de club de réflexion) y sont très actives et l’école rabbinique messine rayonne aujourd’hui encore dans le monde entier.
Les cathos constituent également un réseau très actif dans cette ville concordataire, où l’évêque ne dépend que du pape. Outre les paroisses de quartier, certaines églises sont très en vue. Parfaitement « romaine », la cathédrale attire de nombreux notables, les jours de grands offices. On y célèbre une fois par mois la messe en latin, où se rendent alors les plus « tradis ». Située dans un quartier huppé, Sainte-Thérèse est réputée bourgeoise tandis que Notre-Dame est jugée plus intello. Directeur de Radio Jérico, l’abbé Robert Ferry est un homme qui compte.
La justice
Dans les milieux judiciaires, les réseaux sont peu actifs. L’Union des jeunes avocats (Uja), autrefois très en vogue, est aujourd’hui un peu endormie. Les syndicats d’avocats et de magistrats sont peu représentés, à l’exception peut-être de l’Union syndicale des magistrats (modérés), dont la représentante locale, Carole Maudit, substitut du procureur, affiche un certain dynamisme. Le conseil de l’ordre, qui, pour la première fois en 2003, a élu une femme à sa tête (Me Sylvia Ferrari-Blosch), veille sur quelque 250 avocats. Le petit cercle des anciens bâtonniers (Mes Becker, Cossalter, Haxaire, Swiatly…) conserve une réelle autorité dans cette profession où l’on aime régler ses problèmes en famille