Ci dessous un sujet sur l’écologie rédigé par une lectrice.

Merci a elle.

DIS MAMAN, C’EST QUOI LA NATURE ?

Il était une fois de jolies campagnes quadrillées tel une mosaïque. Les cultures étaient variées et à taille humaine. Parfois, surtout dans les pays de bocages, celles-ci étaient séparées par des haies. Bien sûr il ne s’agit pas de haies de thuyas, car il y a haies et… haies. Mais le modernisme est arrivé avec son lot de rationalisation. Il fallait permettre aux machines d’entrer en action ! Le remembrement, cette infernale machine d’uniformisation, a remodelé tout cela, supprimant des centaines de kilomètres de haies.


Les végétations préexistantes ont été défrichées, elles ont parfois disparu ou sont cantonnées dans des espaces très limités. Elles sont remplacées par une organisation de culture et d’élevage permettant davantage de croissance. Le besoin de rendement a sélectionné un très petit nombre d’espèces robustes à croissance et à multiplication rapides comme le blé, le maïs et le colza. Un peu comme si les champs étaient transformés en usine avec en prime la gratification du travail à la chaine ! Pourtant les cultures uniques sont fragiles et très exposées aux maladies et aux insectes. La monoculture n’existe pas dans le milieu naturel.

On peut constater que les haies d’essences multiples renferment une biodiversité riche en plantes sauvages devenues rares, mais ont également un impact favorable sur les productions agricoles et  forestières. Elles permettent de lutter contre l’érosion et favorisent l’épuration et la régulation de l’écoulement de l’eau. Elles ont un effet brise vent et préservent un peu l’environnement du réenvol des produits chimiques utilisés pour le traitement des sols. Etant  un élément structurant des paysages elles participent à la beauté de la région en rompant la monotonie des cultures uniformes. Les haies servent également d’abris protégeant de la pluie ou du soleil ardent bétail, gibier et une  importante diversité d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères. Un cycle vertueux peut ainsi s’établir. De nombreux végétaux consommés par l’homme, haricots, tomates… et par les animaux, trèfle, luzerne… ont besoin des abeilles, des bourdons ou des chauves-souris pour être pollinisés. Où se trouvent les insectes ?


Les haies permettent également la circulation des animaux entre deux forêts, et représentent un refuge salutaire lorsque  les forêts surfréquentées, notamment les week ends, bruissent du vrombissement des moteurs et de l’aboiement des chiens vagabondant de-ci de-là, s’évadant un peu de la cité où ils sont séquestrés.

L’agronomie moderne s’est appliquée à faire disparaître presque complètement toutes surfaces de terre non cultivées comme les friches, les haies, les délaissés d’autoroute… Ces no man’s land composés de plants spontanés sont cependant d’une grande utilité et présentent de multiples avantages : La multiplicité des plantes et leurs caractéristiques intrinsèques forment un bouclier naturel contre les agressions. Notre nourriture, nos récoltes dépendent de la diversité génétique perpétuée par l’agriculture traditionnelle. Le corollaire des pratiques uniformes est une réduction drastique de la diversité génétique initiale ainsi que l’extermination du petit gibier de nos plaines.

L’agriculture optimale devrait pouvoir répartir l’espace entre les cultures « modernes » et ces zones conservant les potentialités de l’écosystème d’origine, la diversité biologique et la capacité d’automaintenance. Les espèces spontanées, sauvages, ont été le point de départ des variétés cultivées aujourd’hui. La pratique agricole a remplacé les espèces qui se régénéraient naturellement par des espèces choisies pour être plus profitables. Il s’ensuit une fragilisation de l’écosystème déstructuré et dont les caractères acquis ne sont durables qu’avec une intervention permanente et sans cesse  plus intense de l’homme et de sa chimie. « Une poignée de multinationales a confisqué le marché hautement lucratif ses semences en sacrifiant des milliers de variétés anciennes sur l’autel du profit ». RL du dimanche 4.4.2010.

Toutes les informations nécessaires sont disponibles dans quantité de livres (Jean Marie Pelt par exemple) et d’articles de journaux mais les citoyens préfèrent une nature ressemblant à un terrain de golf, seulement agréable à regarder. La vraie nature spontanée trouvera-t-elle encore une place ? Sans vraie nature quel avenir reste-t-il aux hommes ?


Des esprits ouverts ont pris conscience de ces problèmes. Les Nations Unis ont déclaré l’année 2010 année internationale de la biodiversité. Même la « politique agricole commune » (PAC) fait évoluer sa règlementation : désormais chaque exploitation agricole devra détenir un pourcentage de sa « surface agricole utile » en « particularités topographiques » ! Ce langage technocratique désigne des éléments aussi divers que les haies, les mares, les jachères environnement et faune sauvage, les vergers, les bandes tampons en bord de cours d’eau etc…

Les petites bêtes vont être contentes ! et nos enfants aussi…

Mais n’y a-t-il pas d’arrières pensés derrière cette protection de gènes susceptibles d’intéresser les laboratoires fabriquant les OGM ? Affaire à suivre.

Diane Rébre

Les commentaires sont désactivés.


© Copyright 02/2009 HettangePassion. Tous droits réservés.