Halalisation Française
Par Franz Olivier Giesbert
Ce n’est pas une affaire anecdotique, mais une sorte de scandale d’État, enfanté par les excès du communautarisme et la cupidité extrême de l’industrie de la viande ou de la grande distribution. Sans oublier la duplicité de nos politiciens.
La République est-elle encore vraiment laïque ? Les Français mangent halal sans le savoir, puisque leur industrie produit beaucoup plus de viande de ce type que nécessaire. Logique, ça permet de « marger » plus : on supprime un poste de la chaîne d’abattage, celui de l’étourdissement, et qu’importe si l’on saigne directement les bêtes, avec toutes les souffrances – et les toxines – afférentes. L’essentiel n’est-il pas de gagner davantage ?
Si la polémique enfle, c’est parce que l’affaire de la viande halal est devenue le symbole de tous les mensonges et de toutes les lâchetés de la classe politique française. N’étaient François Fillon et deux ou trois autres, tout le monde a pris soin d’évacuer le sujet sous prétexte que Marine Le Pen, aussitôt imitée par Claude Guéant, l’avait mis en avant. « Circulez, y a rien à voir, il y a des problèmes plus importants » : tel fut le discours général.
Bien sûr, l’étiquetage de la viande s’impose. Il ne s’agit pas de stigmatiser une communauté ou une autre, mais simplement d’être informé sur le degré de souffrances infligé à la bête dont on va consommer un morceau. En attendant la nécessaire concertation avec les autorités religieuses, musulmanes ou juives, sur les conditions de l’abattage rituel : s’il leur faut saigner les bêtes vivantes, pourquoi ne pas leur prouver et les convaincre, comme c’est arrivé en Europe du Nord, qu’étourdir n’est pas tuer ?
Ce n’est pas parce que les maniaques et les imbéciles de l’islamophobie ou de l’antijudaïsme ont posé le problème pour réveiller d’absurdes guerres de religion qu’il ne faut pas tenter de le régler.