Locataire, propriétaire : le match de l’immobilier


Immobilier : semaine spéciale sur Écotidien. Locataires, vous voulez acheter votre logement ? Entre crédit sur 20 ans d’un côté et augmentation arbitraire des charges de l’autre, Écotidien met en balance le pouvoir d’achat d’un propriétaire et celui d’un locataire.


Acheter un appartement, tout le monde y pense. Sauf quelques irréductibles de la location. Comme Loïc, 33 ans, marié, 2 enfants, cadre dans l’assurance. Depuis, 4 ans, il occupe un F3 à Puteaux (Hauts-de-Seine) à deux pas de son boulot. Pour lui, « acheter un appartement serait un mauvais investissement ». En tant que locataire, Loïc a bien le sentiment de faire une affaire. « Chaque mois, je paie 700 euros de loyer. Ce prix comprend les charges locatives, 100 euros, le chauffage et l’électricité, 100 euros. Mais, si je me cantonne à mon loyer net, je suis à 496 euros ! », précise t-il. Impossible selon lui de trouver un 62-m2 dans la Petite Couronne à ce prix-là. Vu qu’il a un salaire plus que correct, 3 500 euros nets par mois, cette situation lui convient très bien.

Autre raison de rester locataire, le refus de se lier à un crédit. « Si je devais acheter la même surface, ce ne serait pas moins de 400 000 euros. J’aurais un crédit à environ 2 500 euros par mois sans apport, sans les charges et sur plusieurs années ! » De son côté, Sonia est accédante à la propriété. En couple depuis 3 ans, cette juriste de 33 ans a signé en 2006 pour s’offrir un joli 55-m2 à quelques encablures de la place de Clichy à Paris (IXe arrondissement). Coût de l’appartement ? 250 000 euros. « Nous avions un apport de 20 000 euros. » Soit 8 % du montant global. Petit apport, donc. Un paramètre que Loïc place au cœur de sa future stratégie d’achat. Pour lui, « pas question de souscrire un achat d’appartement s’il n’a pas 20 % d’apport… au moins ! »

Il faut dire que Sonia et son conjoint culminent à 6 000 euros de revenus. Du coup, ils ont pu obtenir un crédit assez rapidement. Mais n’oublions pas que l’accession à la propriété et le crédit, qui va souvent avec, ont un prix. « Nous remboursons 1 500 euros de traites mensuelles. Nous sommes gagnants, car c’est le prix d’un loyer en location dans ce quartier ! », explique Sonia. Comme près de 30 % des Parisiens, elle a souscrit un crédit sur 20 ans. « Au début, cela me gênait mais mon mari m’a rassuré. Nous avons pris des options qui nous permettent de vendre ou racheter notre crédit et surtout de moduler le montant de nos traites si besoin. » C’est vrai que ce soutien financier  permet d’atteindre ses objectifs.

Pour autant, il a un coût. Sur 20 ans, « le crédit nous revient à 100 000 euros… » Ajoutez à cela, 100 euros par mois pour les charges de copropriété et la même somme pour l’eau chaude et le chauffage au gaz. L’immeuble est ancien. Cumulées, les dépenses mensuelles liées à son appartement s’élèvent à 1 700 euros par mois. En une année, Sonia déboursera 20 400 euros contre 8 400 euros pour Loïc… Un chiffre qui le convainc d’ailleurs de rester locataire !
Son point de vue va plutôt à contre-courant de la tendance actuelle. D’ailleurs, 18,7 % des Français rêvent d’acquérir un bien, dont 27 % en Région parisienne, selon une étude du Credoc menée en février 2009.  Aujourd’hui, « j’ai 62 m2 dans un appartement construit en 2000 avec ascenseur. Et contrairement à des propriétaires, les travaux de l’immeuble sont payés par mon bailleur », rappelle t-il. Sans compter que Loïc n’est pas près de s’endetter sur 20 ans comme 34 % des Français souhaitent le faire, en 2009, toujours selon l’étude du Credoc.

Il faut dire que Loïc a des gouts de luxe en matière d’immobilier. S’il devait passer le cap, « ce serait dans Paris ou l’Ouest de la Région parisienne ». Mais alors, pourquoi ne pas acheter ailleurs, là où c’est moins cher ? « Par rapport à mon boulot, je préfère rester là où je suis. Et quitte à se lancer dans un tel achat, autant le faire dans un endroit qui me plaît et surtout, acheter dans du neuf », lance le jeune homme, sûr de lui.  Des arguments qui se défendent. Selon lui, l’exemple de Sonia est parlant. Dans son cas, il pourrait difficilement épargner, partir en vacances ou encore sortir au restaurant quand ça lui chante.

Au total, Sonia devrait débourser, sur deux décennies, 428 000 euros pour accéder à la propriété, crédit compris mais sans les éventuels travaux à mener par elle ou son syndic. De son côté, Loïc s’en sort différemment. Sur la même durée, 168 000 euros iront au paiement de son logement locatif. Qui est le mieux loti ? Ni l’un ni l’autre… question de choix.

Nadia Moulaï

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