Les socialistes jouent avec le feu et sont dangereux, c’est une socialiste qui le dit et elle a raison.
Le discours de Dominique de Villepin (UMP) se confond avec celui de l’opposition. Ce mercredi matin, sur Europe 1, l’ancien premier ministre a prévenu que ses députés pourraient ne pas voter la réforme des retraites si elle devait « rester en l’état ». Il n’a pas exclu de se présenter en 2012. Mais à vouloir se démarquer de son camp, Villepin s’accroche d’autant plus aux fictions du politiquement correct, ce repoussoir pour ceux qui attendent de leurs représentants qu’ils disent les vérités. Je suis frappé par la profusion des clichés, empruntés à la gauche, que ne craint pas d’employer l’ennemi juré de Nicolas Sarkozy. La position de retrait des députés villepinistes, hier lors du vote de la loi anti-burqa, me semble ainsi illustrer un troublant aveuglement sur la montée du communautarisme et de l’idéologie islamiste.
Les villepinistes Marc Bernier, François Goulard, Jean-Pierre Grand et Marie-Anne Montchamp ont choisi, comme la majorité des députés d’opposition, de ne pas participer au vote, ce qui s’apparente à une fuite. Cette lâcheté face aux fondamentalistes à indigné l’ancienne ministre socialiste, Yvette Roudy, qui a écrit une lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault : « Les fondamentalistes ne sont pas fous (…) Ils commencent fort intelligemment par la burqa (…) mais ensuite ils demanderont des temps de piscine distincts, des classes séparées. A Lyon, ils demandent déjà des espaces séparés dans les bus. Ils veulent des programmes scolaires purgés de toute allusion à la sexualité. Ce sera l’apartheid ». C’est l’honneur de l’UMP, rejointe par quelques députés PS (dont Manuel Valls et Aurélie Filippetti) et le communiste André Gerin, d’avoir fait ce premier pas. Il en faudra d’autres.
Il n’y a eu qu’un seul vote contre, et il est venu d’un député villepiniste de Dordogne, Daniel Garrigue. Dans un entretien à La Croix, mardi, il se réclame de son mentor pour s’opposer à l’interdiction du voile intégral dans tout l’espace public. Selon lui, « pour combattre un comportement extrémiste, on prend le risque de glisser vers une société totalitaire (…) ». Or, ce raisonnement paradoxal est révélateur d’un refus, visiblement délibéré, des amis de Villepin de s’opposer au très réel totalitarisme djihadiste, qui a pris pour cible les sociétés européennes endormies. Ne pas vouloir combattre une idéologie sexiste, inégalitaire et violente, en prétextant qu’elle ne serait que le résultat d’injustices et d’humiliations, est une manière de reproduire l’attitude munichoise de naguère. Oui, Villepin joue un jeu dangereux.